Tu cours régulièrement sur route, tu te sens en forme, et tu te dis : « Un trail, c’est juste une course plus longue en nature, non ? Ma prépa sur le plat devrait suffire ! » C’est une idée reçue tenace, et je suis là pour te dire, avec la plus grande bienveillance, que le sentier a une tout autre chanson à te chanter.
Pour moi, courir n’est pas qu’un sport ; c’est un dialogue, une danse avec le terrain, un échange constant avec la nature qui nous accueille. Et pour que ce dialogue soit harmonieux, il faut apprendre son langage. Ce langage n’est pas le même sur le bitume lisse que sur un sentier rocailleux ou une pente raide. Préparer un trail, ce n’est pas seulement allonger les kilomètres, c’est enrichir ton vocabulaire corporel et mental. Crois-moi, le plat ne t’apprendra pas à discuter avec les racines, à négocier les descentes techniques ou à te hisser sur les sommets. Voyons ensemble pourquoi.
Le terrain varié : bien plus qu’une simple différence de paysage
Sur route, ton corps s’habitue à un mouvement répétitif, efficace, optimisé pour une surface stable et prévisible. Chaque foulée est presque identique à la précédente, sollicitant les mêmes muscles de la même manière. C’est parfait pour construire une base d’endurance solide.
Mais sur sentier, la donne change radicalement à chaque mètre. Une racine par ici, un caillou glissant par là, un passage boueux, une dalle rocheuse, des feuilles mortes dissimulant un piège… Le sentier est une succession d’imprévus qui demandent à ton corps une capacité d’adaptation constante. Ce n’est pas juste « plus difficile », c’est fondamentalement différent.
- Ton corps doit constamment ajuster son équilibre. Tes chevilles, tes genoux, tes hanches travaillent en permanence pour stabiliser chaque appui.
- La proprioception, cette capacité de ton corps à savoir où il se situe dans l’espace, est sollicitée à l’extrême. Chaque pas est une micro-décision, un repositionnement. Sur le plat, elle est quasi au repos.
- Des muscles stabilisateurs profonds, souvent oubliés sur route, deviennent les héros silencieux du trail. Sans les entraîner spécifiquement, tu risques la blessure et une fatigue précoce.
Courir sur le plat te donne un moteur endurant, c’est vrai. Mais sans une direction précise et des amortisseurs adaptés, tu risques de t’enliser ou de t’abîmer sur les chemins accidentés. Il est crucial d’apprendre à écouter le sentier sous tes pieds et à répondre à ses demandes variées.
La verticalité : le cœur du trail
C’est la différence la plus flagrante et souvent la plus sous-estimée. Un trail, c’est du dénivelé, parfois beaucoup ! Et ce dénivelé se gère en montée comme en descente. Chacune de ces phases sollicite ton corps de manières très spécifiques et très différentes de la course à plat.
Les montées : une force tranquille
Oublie l’idée qu’il faut courir toutes les montées. En trail, la marche rapide, ou « power hiking », est une technique à part entière, souvent plus efficace et moins énergivore que la course en pente raide. Elle demande une musculature différente :
- Tes ischio-jambiers et tes fessiers sont mis à rude épreuve, tandis que tes quadriceps sont les stars sur le plat.
- Ton cœur travaille différemment, avec des pics d’intensité, puis des phases de récupération en faux plat.
- Ta capacité à « pousser » sur tes cuisses et à « tirer » avec tes bras (si tu utilises des bâtons) est fondamentale.
Sans entraînement en côte, tes muscles spécifiques vont rapidement crier famine, et ton souffle va s’emballer à la moindre ascension. La montée est un art de la patience et de la puissance maîtrisée.
Les descentes : un défi technique et musculaire
C’est souvent là que les coureurs non préparés souffrent le plus et se blessent. La descente, ce n’est pas de la « récupération » ; c’est une phase extrêmement exigeante qui demande une préparation spécifique :
- Tes quadriceps et tes mollets subissent des contractions excentriques importantes. Ils travaillent en « freinage », pour absorber les chocs et contrôler ta vitesse. Ce type d’effort est quasi absent de la course à plat et est très traumatisant s’il n’est pas entraîné.
- Tes articulations (genoux, chevilles) sont soumises à des impacts répétés et à des torsions inattendues.
- La technique de descente est primordiale : regarder loin devant, adapter sa foulée, trouver le bon équilibre pour « surfer » sur le terrain plutôt que de le subir.
Négliger les descentes, c’est risquer des douleurs musculaires intenses dès le lendemain (les fameuses courbatures aux cuisses qui durent des jours) ou, pire, une blessure qui mettrait un terme à ta course ou à ta saison. L’élégance et la sécurité en descente sont le fruit d’une préparation méthodique et respectueuse de ton corps.
Une préparation holistique : au-delà des kilomètres
Le trail n’est pas qu’une question de kilomètres accumulés. C’est une aventure qui demande une préparation globale. Se cantonner au plat, c’est ignorer des pans entiers de ce qui fait la richesse et la complexité de cette discipline. Alors, que faut-il ajouter à ta routine ?
- Le renforcement musculaire spécifique : Oublie les clichés sur la salle de sport ! Il s’agit de renforcer ta chaîne postérieure (fessiers, ischio-jambiers), tes mollets (pour la propulsion et le freinage), ton gainage (pour la stabilité du tronc) et tes chevilles (pour la proprioception et la prévention des entorses). Des exercices simples au poids du corps ou avec des charges légères peuvent faire des merveilles.
- La technique de course en terrain varié : Il faut pratiquer ! Cherche des sentiers, des chemins, des bosses, même de petits escaliers. Apprends à poser ton pied, à regarder où tu vas, à utiliser tes bras pour l’équilibre.
- L’entraînement croisé : Le vélo, la natation ou le ski de fond peuvent compléter ta préparation en renforçant ton système cardiovasculaire et ta musculature différemment, tout en ménageant tes articulations.
- L’écoute de ton corps et la récupération : Un entraînement varié demande une récupération attentive. Apprends à respecter tes limites, à t’alimenter correctement et à t’offrir des moments de repos.
Préparer un trail, c’est une démarche humble et intelligente. C’est comprendre que chaque élément du parcours est là pour te faire grandir, t’apprendre, te défier. C’est refuser l’élitisme et le snobisme, pour embrasser le plaisir d’un effort maîtrisé, d’une connexion profonde avec soi et la nature.
Alors, si tu te prépares pour ton prochain trail, ne te contente pas de lisser le chemin sous tes pieds. Ose l’aventure, le dénivelé, l’imprévu. Va à la rencontre du sentier, écoute ce qu’il a à te dire. Ton corps te remerciera, et ton esprit s’émerveillera de cette nouvelle forme de dialogue. Le plaisir est dans le chemin parcouru, pas seulement dans la ligne d’arrivée.
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